DE SAINT JEAN DE LUZ A ARGELES SUR MER, du 7 au 14 juin 2010

 

688 km, en 7 jours, et 12 cols et 10700 m de dénivelé

 

 

Participants

 

Nicole et Francis Suquet, Gérard Bariolet, Jean Brunel,

Francis Gasquez, Maurice Larue, Jean-Claude Molles,

Jean-Louis Puech, Michel Requena,

Michel Roget, Thierry Vieu.

 

 

 

Chuchotements dans le peloton du « Lavaur Cyclotourisme » un groupe s’est donné les moyens, d’abord en 2008 de traverser les Pyrénées dans leur longueur, puis en 2009 de parcourir les Alpes ;

dans ceux qui n’ont pas « osé », ou qui n’étaient pas prêts,il reste des regrets :

-                   Nous sommes sûrement moins forts, mais nous pouvons peut-être le faire…

-                   Pourquoi pas ?

-                   Cela pourrait nous motiver à rouler mieux, plus…

-                   Il faut en parler, voir qui serait intéressé…

 

Le bouche à oreille fonctionne, et en plein hiver dernier, la proposition est faite en réunion du club.

Parallèlement, le groupe « Pyrénées- Alpes » annonce son projet « Dolomites » .

 

Le questionnaire « unité et diversité » voit le jour : la diversité ne nuisant pas à l’unité, voire la renforçant, dans l’esprit de la majorité des membres, ces projets variés s’ajoutent à la programmation habituelle du club, en ouvrant l’éventail de l’offre.

 

Onze candidats à la traversée des Pyrénées se déclarent, et tous iront jusqu’au bout !

 

Jean-Louis et Thierry se mettent au travail, s’inspirant des expériences du passé : première réunion chez Jean-Louis en février pour proposer un parcours en 7 jours, 2 cols et une centaine de km par jours en moyenne. Deuxième réunion chez Jean, fin mars, avec Daniel Manuel pour nous transmettre l’expérience acquise en 2008.

L’hiver n’étant pas clément, il n’est pas aisé d’acquérir les kilomètres ; mais le club organise ses sorties trihebdomadaires, qui comptent un bon nombre de participants et donc permettent de faire deux niveaux de sortie sans léser personne. S’ajoutent les sorties du samedi et du dimanche, pour ceux qui ne sont pas toujours libres en semaine :

 

-                   Ouverture de la saison par le Comité Départemental,

-                   Sortie Grésigne,

-                   Sortie Espinouse,

-                   Coteaux toulousains,

-                   Pic de Nore un mercredi,

-                   Et la sortie Aude reportée du fait du mauvais temps.

 

La sortie d’une semaine dans les Cévennes arrivait à point, une semaine et demi avant les Pyrénées pour faire les dernières mises au point : 650 km et 10 000 m de dénivelé !

Le tout avec très souvent la possibilité d’allonger au choix de chacun.

D’autres ont fait tourner les jambes dans le Vaurais, en Italie, ou ailleurs…

 

Le 3 juin, à 4 jours du départ, ultime réunion d’échanges sur l’état des préparatifs : notamment Jean-Louis pour les hébergements et le schéma général, Jean Claude pour la mécanique, Thierry pour le véhicule aimablement fourni par la Mairie de Lavaur, Michel Roget pour les plans de d’étapes, et Nicole et Francis pour la remorque.

Le cyclotourisme, un sport « aussi » de la maturité, réunit pour le coup une femme et dix hommes de 47 à 71 ans, avec l’ambition de traverser les Pyrénées, projet de 700 km environ et 10 000 m de dénivelé, sur un des terrains de jeu du Tour de France : Marie-Blanque, Aubisque, Tourmalet, Aspin , Peyresourde, Portet d’Aspet etc…

Le camion-remorque assurera la sécurité et le transport d’étapes en étapes, chacun assurant une partie du trajet.

 

Le lundi 7 juin, nous avons rendez-vous pour un rangement impeccable dans le camion et la remorque. André Coustet, André Galinié et Michel Macias viennent nous saluer et « humer  l’air de l’aventure ».

 

Trajet sans histoire puis soirée à Sorde l’Abbaye dans une vieille demeure basquaise et repas chez un restaurateur « cascadeur ».

 

Après une bonne nuit, en route pour Tardets,  non sans avoir fait la photo de groupe sur le port de Saint Jean de Luz. Etape annoncée pour 104 km et 800 m de dénivelé, en fait 115 km et 1100m ; mais la grosse surprise est le col d’Ehusquy, 1070 au lieu de 895m, mais surtout des pourcentages rarement en dessous de 10%, très longtemps autour de 15, et atteignant même les 20% sur la fin ! Descente sur Tardets avec une boucle supplémentaire, dangereuse,avec un mauvais revêtement. A l’arrivée, je ne suis pas le seul à me souvenir du berger hilare qui nous a salué au bas du col : nous avons compris plus tard !

Petit hotel très sympa à Tardets, où nous avons rentré par sécurité la remorque dans le bar…

 

Mercredi, temps maussade le matin et toute la journée, avec du grésil dans la descente de Marie-Blanque et une pluie fine dans la montée de l’Aubisque.

Donc, 30 km de plat puis Marie- Blanque qui est un col « progressif », qui augmente de 1% à chaque km pour finir à 13%. Rencontre de stagiaires du centre d’entraînement Laurent Fignon au sommet, descente ensemble. Faux plat montant jusqu’au pied de l’ Aubisque, à Eaux-Bonnes. Là nous attendent pour le pique-nique, Gisèle et André, qui nous ont amené le café et leur amical soutien. Puis on attaque le « dur » de l’Aubisque avec comme dessert le Soulor, mineur dans ce sens il est vrai, mais placé là, il fallait encore le faire ! En 24h, il y avait ce fameux col basque, Marie_-Blanque, l’Aubisque et le Soulor. Etape à Argelès-Gazost, au pied du Tourmalet.

 

Jeudi, mauvaise nouvelle ! Le Tourmalet est fermé côté Barèges : plusieurs solutions sont envisagées, et nous décidons de partir de Campan et de monter et descendre le Tourmalet par le côté de la Mongie. André, qui est dans le coin, nous vient en aide au niveau logistique. Après quelques km de faux-plat, nous attaquons avec un vent violent  qui s’oppose à notre progression : mais, du Tourmalet nous n’allions pas laisser notre part aux ours et après tant de travail, de préparation nous ne l’avons pas considéré comme un devoir, mais comme un droit ! Et les 21 km, les pourcentages jusqu’à 14, et le dénivelé de 1500m, et le vent n’y ont rien fait…

Repas à la Mongie et redescente pour Sainte Marie de Campan ; visite à la célèbre forge qui dépanna Eugène Christophe, en 1903. Au menu du jour, il reste le col d’Aspin, qui commence tout doux et finit fort, avec même un long virage à 18%. Comme à chaque col, photo du groupe.

Descente jusqu’à Cadeac, près d’Arreau. André et Gisèle nous ont accompagné et passent la soirée et la nuit à l’hôtel avec nous.

 

 

Le troisième jour est passé : le groupe est très homogène, aussi bien sur le vélo qu’autour; échanges, conseils,aides et plaisanteries, le camion conduit à tour de rôle, toujours attentif à dépanner,mais aussi au ravitaillement, et à adapter les tenues à la météo , l’organisation fonctionne bien.

 

Départ de Cadeac et rendez-vous avec Jean Pressoir à vélo à Arreau et tout de suite c’est le Peyresourde où nous rencontrons quelques équipes de pros qui s’entraînent. Journée longue (117km et 1800m de dénivelé) où s’ajoutent le col des Ares, le Buret et le Portet d’Aspet où la pluie nous rattrape avant une longue descente sur Saint Girons. Incident mécanique pour Jean-Louis qui sera réparé à Saint Girons. A noter, pendant le repas dans la descente du col des Ares, le passage de Cadel Evans à l’entraînement, avec son maillot arc-en-ciel, et son manager qui nous félicite pour notre assistance technique.

 

Samedi, réveil difficile : une soirée Coupe du monde (France-Uruguay), dans la brasserie en dessous de l’hôtel et des supporters qui clôturent la soirée après 2h du matin, et un marché sous les fenêtres qui s’installe à partir de 5h30 ! Petite nuit, et petit déjeuner,mais il en faut plus pour entamer notre bonne humeur.

Nous quittons Saint Girons par la vallée, rencontrons les rassemblements de troupeaux de brebis pour la transhumance, avec qui nous passons un moment ; puis c’est le col de Port (1246m et 7% maxi) où nous rencontrons un québécois de 65 ans qui fait la traversée comme nous mais en solo, avec son épouse qui fait la logistique de loin. Après le pique-nique à Tarascon, nous décidons de rallier Ax directement sans passer par la corniche du Pas de Souloumbrié. Il semble que la fatigue accumulée, divers « bobos » et la perspective du col de Pailhères nous aient fait réfléchir.

Comme nous arrivons un peu plus tôt à Ax les Thermes, quelques en profitent pour faire de la balnéo : jacuzzi, caldarium, frigidorum, c’est Byzance !! Peu après, un orage éclate, et nos sommes heureux d’y avoir échappé.

 

Dimanche, nous avons appris la veille que le col de Pailhères (20km et 2001m) est fermé. Des éclaireurs sont allés voir et pensent qu’il doit être fermé dans la descente. La  majorité estime que quand le vin est tiré, il faut le boire, et réussissent à passer les tas de cailloux qui barrent la route. Chemin faisant, une brebis gravide qui ne parvient pas à se remettre sur ses pattes, mais les secouristes du groupe étaient là. Les autres font passer le camion par un long détour nécessaire, et nous nous retrouvons tous à Mijanès, où rapidement un grosse pluie se manifeste. Nous nous mettons à l’abri, sans guère se mouiller. Puis nous repartons équipés sous une pluie fine. A Quérigut, un col « furtif » ,innommé et peu visible sur la carte nous surprend par sa longueur et son intensité :il faut tout de même le passer pour arriver au pique-nique de Puyvalador. En route pour Prades par le col de la Quillane, doux même sur la digestion, malgré ses 1712m.

Et puis longue, très longue descente sur Mont-Louis et Prades, avec un regard sur Villefranche de Conflent au passage. 38 km de montée, 11% maxi, 2146m de dénivelé et 114 km au total. Demain 70 km de descente jusqu’à la mer !!!

 

Départ doc pour Argelès : seule difficulté, la circulation ; Manu est venu à notre rencontre et nous nous retrouvons tous pour la photo sur fond de Méditerranée, avec des chansons de Charles Trénet dans la tête. Très bon repas « fruit de mer », et profiterolles chocolat et chantilly, en hommage aux  Pyrénées et à ses névés, que nous avalons symboliquement une nouvelle fois !!!

 

ET OUI ! C’ETAIT POSSIBLE, IL FALLAIT OSER !!!

 

 

 

Les sept piliers de la sagesse à vélo :

 

Manger juste, boire juste, s’habiller juste,doser son effort juste, état mécanique du vélo juste,récupérer à l’étape juste, organisation de la sortie juste.

 

Trop ou pas assez d’un seul point peut amener de grosses difficultés pour chacun et rebondit aussi sur le groupe.

 

 

Jean Brunel